MAMAN PAPOTE : LE BABY-SITTER

Il  y a longtemps, très longtemps, j’étais libre. Insouciante, je faisais les magasins, du sport et même parfois (j’ai du mal à y croire) je ne faisais rien. Mais ça… c’était avant. Depuis 3 ans, 16 jours,  15 heures et 40 minutes c’est fini. Biberon, couche, sieste, bain, jouer, dodo… boulot.  Bref, je suis maman. D’ailleurs, symptôme évident : le coiffeur ne connaît pas mon nom, la pharmacienne si.

Bon, c’est décidé, je nous trouve une baby-sitter ! En tout cas j’essaie.

Dans nos connaissances : rien, sur zinternet : rien (je laisse quand même une paire d’annonces, sachant bien que je n’aurai de réponse que quand j’aurai déjà trouvé), sur les annonces  chez le docteur et à la pharmacie : rien. Finalement je finis par coller une affichette sur la fenêtre pendant la brocante du quartier. Au début j’envisage un truc comique genre : « Au secours maman devient folle, venez nous garder ! », mais ça me paraît pas très prudent finalement, alors je reste dans le classique. Je passe la journée à scruter toutes les jeunes filles style « lycéenne sérieuse et bien sous tous rapports », je souris, j’exhibe mes adorables fifilles (surtout Minipuce dans sa combi nounours), pendant que Monsieur marchande  et, à la fin de la journée j’ai les coordonnées de 3 assistantes maternelles mais de baby-sitter pas l’ombre d’une.

Quelques jours plus tard, désespérée,  je prépare des petites affichettes avec des petites bandelettes détachables à coller à la pharmacie quand, à la porte, on sonne.

En ouvrant, je me trouve nez à nez avec un jeune homme très souriant, qui tient une pochette ornée d’un chien et d’un chat se léchant les babines devant chacun sa gamelle de croquettes.

« Bonjour, est-ce que vous avez des animaux ?

Je pense : « J’ai des enfants, ça compte ? » et je dis : « Non », avec  un sourire désolée et compatissant (en plus il pleut, le pauvre) et m’apprête à refermer la porte quand le jeune homme me dit :

« Par contre vous avez des enfants »

Ciel un porte à portiste télépathe !

« Parce que en fait, on a vu votre affiche pendant la brocante et …ben  en fait… ça m’intéresse… 

-Ah… » Je sais c’est nul mais je suis un peu prise de court là… et, oui je l’admets, j’ai de  vilains préjugés.

Après quelques questions sur son expérience et tout ça (j’hésite à demander un extrait de casier judiciaire),  je propose au jeune homme de passer mercredi après la sieste pour faire la connaissance des zenfants z’en question et de « faire un test ».

Ce qui est bien avec les zenfants c’est que pour tester on peut compter sur eux. Au bout de 1 minute 30 de gentil babillage dans ses bras, Minipuce se fige, devient rouge écarlate et fait une grosse grimace que je connais bien. Sourire intérieur de sournoise maman testatrice.

« Alors pour la changer tu as un plan à langer dans la salle à manger avec tout le matériel et même des habits de rechange si nécessaire ( Minipuce a une fâcheuse tendance à « tout déborder de sa couche maman ! »).

Et voilà le jeune homme en train de changer intégralement Minipuce (avec le sourire !) tout en papotant aimablement avec l’intarissable grande sœur. Nom d’une pipe mais c’est qu’il se débrouille bien le porte à portiste !

Rendez-vous est donc pris, reste plus qu’à retrouver mon maillot et mon bonnet de bain…

Et voilà comment je peux enfin m’évader et aller patauger en toute insouciance…

Bon, en fait, je lui fais d’abord une liste de 2 pages sur les horaires des filles, leurs habitudes alimentaires et les numéros d’urgence (plus en PS les paroles de la souris verte pour le coucher de Maxipuce). Je finis par quitter mes bébés et vérifier 12 fois que mon portable est : sur le dessus de mon sac, en sonnerie maximale et chargé. Après 30 longueurs de piscine à toute vitesse (j’aurai mal aux épaules demain), je me rhabille sans me sécher les cheveux (je serai enrhumée demain), je rentre en marchant vite vite (j’aurai mal aux jambes demain) et j’arrive devant la maison essoufflée avec 25 minutes d’avance. Du coup, je fais 3 fois le tour du pâté de maisons et m’arrête chez le dépanneur (j’aurai une boîte de mouchoirs pour mon rhume de demain). Je ne voudrais pas que le baby-sitter me prenne pour une de ses mamans flippées qui n’arrivent pas à laisser leurs gamins pendant 2 heures.

Enfin je rentre, l’air parfaitement détendue, et demande nonchalamment comment ça c’est passé. « Plutôt bien. Minipuce a bu tout son biberon  (ah bon ?), Maxipuce a mangé tous ses légumes (arg !)et elles étaient toutes les deux au lit à 20h15 sans problème (re arg !). »

Je pense : « c’est la chance du débutant » et je dis : « bonne soirée alors ».

La porte à peine refermée, j’entends Maxipuce qui hurle : « un bisouuuuuuu ! » (ah ah ! ) et  je me précipite à son secours :

« Ne t’inquiète pas ma chérie, maman est rentrée, je t’ai manqué ?

-Mais non, je voulais faire un bisou à Flourian. »

MAMAN PAPOTE : LE PREMIER PETIT POT DE MINIPUCE

« Maman pourquoi ma ptite sœur elle mange que du lait ? 

-Parce que c’est un bébé ma chérie »

Bon, un bébé qui s’enfile des biberons de 240ml et qui a faim 2 heures plus tard…

Alors voilà, c’est décidé on diversifie.

Emotion parentale, sortie cérémonieuse de la chaise haute, préparage del’appareil photo, immense bavoir en place, petite cuillère en silicone chargée et on se lance. Sauf que bébé ignore l’usage de la cuillère.

Déjà, il apprécie moyennement d’être sanglé dans ce truc (la chaise haute c’est sympa juste quand c’est un peu incliné et avec des jouets qui pendouillent au-dessus). « Mais qu’est-ce que c’est que cette lubie les parents ? J’ai faim moi ! Allez, arrêtez votre cirque, callez moi bien dans les bras et filez moi mon biiiiiiib ! Et puis on me nargue en plus, c’est quoi ce truc qu’on agite sous mon nez ? Bon je vais faire style de jouer, ils seront contents et ils me fileront mon litron…Allez hop j’attrape le truc… Oups… maman t’as du orange dans les cheveux, c’est drôle !!! Ah ben on dirait que t’aimes pas le orange…Ah mais c’est qu’elle insiste à me coller son truc devant la bouche ! Tu veux te venger c’est ça ? Et Papa qui trouve ça super et qui prends des photos ! Sadiques ! Bon, peut être que si je fais un de ces trucs « trop mignons » ils vont se radoucir… Alors voyons, normalement le truc avec la bouche qui fait des bulles ça marche bien… Oh, maman t’as du orange sur le nez… En tout cas ça fait bien rire papa ! En même temps je me sens du gluant plein la figure, j’espère que c’est hypoallergénique votre truc ! En tout cas moi j’ai faim !!! Bon ben si c’est comme ça je mange mon pied ! »

Ok ça va être un poil plus compliqué que prévu…

Plan B :

Après m’être débarbouillée et mise en tenue adéquate (pull noir, pantalon noir, cheveux attachés) je libère Minipuce dans la chaise haute et je la calle dans mes bras, je lui coince la mimine droite derrière mon dos, je tiens l’autre de ma main gauche et je retente le coup. Minipuce, bien installée cette fois, fixe la cuillère qui s’approche, elle ouvre la bouche, la referme et …souffle : pffffff ! Arg !

Bon, si l’approche franche et honnête ne fonctionne pas, on va passer à la méthode sournoise.

Je lâche la main gauche de Minipuce et, de la mienne, je lui propose le biberon, qu’elle se met à téter goulument, je la laisse avaler quelques gorgées puis, vive comme l’éclair, je retire le biberon et, de ma main droite, le remplace par la cuillère. Minipuce, emportée par son élan, n’y voit que du feu et tète la cuillère « slurp ». Grimace de surprise,  clap clap des lèvres, regard accusateur et hop je lui recolle le biberon. Gloups, gloups, gloups sur la tétine et hop : « slurp ». Après 5 ou 6 enchainements, j’estime que ma mission est accomplie et fourgue bébé et biberon à Monsieur qui me regarde, admiratif, me diriger victorieusement vers la salle de bains.

Heureusement Minipuce apprends vite et, après 5 repas comme ça, elle tète d’elle- même la cuillère (apparemment elle apprécie surtout le potiron, la carotte et les petits pois bien liquides) et ne commence à souffler, pffff, dedans que vers la moitié du petit pot : « Allez maman c’est bon maintenant j’ai assez bossé, file moi mon biiiib ! »

« Maman…

-Maman est occupée ma chérie, je donne à manger à ta ptite sœur .

-Mais maman je veux pas manger ma purée.

-Allons, pas de cinéma, regarde, ta ptite sœur mange, alors fais comme elle.

-D’accord maman si tu veux…PPFFFFFFFF

MAMAN BRICOLE : LA MAISON DE VACANCES DES PETSHOPS

« Maman mes petshops ils sont tristes »

- ah bon et pourquoi Maxipuce ? 

- Ben ils zont pas de maison…

Mine affligée de Maxipuce visiblement traumatisée par le sort de ses pauvres petshops SDF.

« Mais si ma chérie, la boite dans ta chambre c’est leur maison.

-Mais maman ils veulent venir un peu dans le salon avec leurs zamis les playmobils et Charlotte aux fraises.

-Ah ben alors ils peuvent dormir chez leurs zamis

-Ben non y a pas assez de place !

-Bon alors tu peux amener leur boite ici

-Mais non maman la boite elle habite dans ma chambre !

Et voilà une grosse larme au coin d’œil, la lèvre inférieure qui frémit, Maxipuce est vraiment triste ! Mon cœur de Maman en est tout chamboulé.

« T’inquiète pas on va trouver une solution.

Lueur d’espoir dans les yeux larmoyants

-T’es sûre maman ?

-Ma chérie, s’il n’y a pas de solution, c’est qu’il n’y a pas de problème.

Je laisse Maxipuce méditer sur cette grande phrase philosophique (ça pourrait être du Dalai-Lama mais en fait c’est des Shadoks) et je vais chercher ma boite à bricolage.

Un petit tour à la cave et je reviens avec LA solution à la crise du logement des jouets : un boite à chaussures ! Magnifique, avec un couvercle rabattable (pas de panique avec un couvercle séparé il suffit d’un grand morceau de scotch).

« C’est quoi maman ?

-Ca ma chérie c’est la maison de vacances des Petshops »

Moue dubitative de Maxipuce genre « tu perds la tête ou tu te moques de moi ou les deux» mais, comme j’ai sorti la « boîte à bricolage de maman », elle me laisse une chance.

J’ouvre la boite, deux coups de ciseaux et j’ouvre l’avant, ça fait un terrasse (et pour ranger y aura qu’à fermer la boite).

Je trouve 2 bouts de cartons que je coupe à un peu moins de la hauteur de la boîte, « c’est quoi maman ? » « des murs », je délimite une chambre et une salle de bains, scotch de chaque coté pour fixer au sol puis au mur (coquet F2, très lumineux et bien agencé, on pose ses meubles). Bon, maintenant faut meubler cette résidence secondaire et pour ça je fais appel à toute mon expérience de montage de meubles suédois. Je récupère plein de petites boîtes de médicaments (oulala on a du choix !) et autres, que je déplie puis replie à l’envers, deux bouts de scotch, et voilà des lits spasfon, une table juvamine et une baignoire wasabi, des morceaux de pailles pour faire robinet  et douche et des bouchons pour faire tabourets…

Pendant que je fabrique à la chaine, Maxipuce, qui est plus artiste que bricoleuse, décore à coups de crayons et d’autocollants.

Et maintenant place à la fête, les Petshops, fraichement débarqués invitent leurs zamis les playmobils et Charlotte aux fraises pour leur crémaillère ! Et moi, toute fière, je me sens presque dans la peau d’une héroïne, quelque part entre Valérie Damidot et l’Abbé Pierre, et surtout Maxipuce a retrouvé le sourire…

« Mais maman mes Petshops y sont encore tristes, y a pas assez de chaises !!! »

Njut !

MAMAN CUISINE : DES ROCHERS COCO EXPRESS

Y a des matins comme ça, on n’a pas envie. Vraiment pas. Alors, avec un léger pincement de culpabilité (très très léger),  j’attrape la télécommande, je lance "le spectacle de l’anniversaire surprise de Oui-oui" et je laisse Maxipuce scotchée devant l’écran. Ouf. Ensuite je me fais la plus petite possible dans le coin opposé du canapé en essayant de prendre la couleur du plaid (beige, c’est jouable), munie de mon café, de ma tablette et de l’espoir un peu fou de faire oublier ma présence… 
« Mamaaaaann » zut ! peut être que si je l’ignore elle va laisser tomber…

« Maaaaamaaan »
pffff…
 «5 minutes ma chérie maman boit son café »

Miracle, retour de la concentration vers oui-oui.

  2 minutes plus tard, je pose inconsciemment ma tasse sur la table et sous l’oeil acéré de Maxipuce…Grave erreur

« T’as fini ton café maman ? » sur un ton innocent et après un regard discret au fond de la tasse vide.

-  Euh oui 

- Je peux regarder un dessin animé parce qu’y a pas d’école aujourd’hui  maman ? (oui je suis une affreuse maman tortionnaire qui interdit les dessins animés avant l’école)

- Oui ma chérie, tu peux regarder les dessins animés parce qu’on est mercredi 

- D’accord

Je commence à trouver ça louche mais faute de question complémentaire de recommence à lire…
 2 lignes.

« Ma petite sœur tu l’as remise dans son lit ? 

-Ben oui…

2 lignes de plus ! Chouette, à ce rythme dans 10 ans je saurai qui a tué cette pauvre Molly.

« Maman est-ce qu’il pleut ?

- Ben oui

Et là apparaissent simultanément un immense sourire victorieux sur le visage de Maxipuce et, dans mon esprit, la conviction que Molly va devoir attendre…

« Ben alors si on est mercredi et que ma sœur dort et qu’il pleut on fait…de la PA-TI-SSE-RIE ! »

Arg ! Manipulée par une gamine de 3 ans… je suis atterrée. Et je réalise que j’ai intérêt à m’entrainer avant qu’elle soit en âge de m’extorquer un scooter. En attendant, pas vraiment d’humeur cordon bleu, j’envisage bien un petit mensonge (du genre qu’on a plus de farine ou que le four est en panne),  mais si je me fais prendre par ma machiavélique progéniture, mon amour propre n’y survivra peut être pas.
Alors, tandis que Maxipuce entame un défilé triomphant « LA PA-TI-SSE-RIEEEEEEEUH », je cherche frénétiquement une recette très facile, très très rapide et qui ne fasse pas trop de vaisselle.

Bon sang mais bien sûr !

« On va faire des petits rochers à la noix de coco ma chérie »

Alors donc il faut faire préchauffer le four à 210°, peser : 100g de sucre,100g de noix de coco râpée et 10g de farine (une bonne cuillère à soupe quoi) puis on ajoute un œuf et on mélange. Ensuite on fait des boules avec ses mains ("des petites ou des grandes maman?""euh...des moyennes") et on les dépose sur une plaque de cuisson (5 minutes de préparation), puis 7/8 minutes au four et c’est prêt !

Ahah ! La conscience apaisée, je réactive oui-oui, je me fais couler un café, me rassois avec délice dans le canapé et repars à la chasse au psychopathe.

2 lignes

« ouiiiiiiin !

-Maman ma ptite sœur elle pleure!

-Effectivement…

MAMAN CUISINE : LE RISOTTO EXPRESS AUX FONDS DE CONGELO

« Maman qu’est ce qu’on mange ce soir ? » Une question que j’adore entendre un vendredi à 16h30 quand le frigo crie famine et que mon coffre auchandrive commence à se remplir (ça c’est une invention révolutionnaire, merci Mr Drive). Même pas d’œufs pour la traditionnelle « omelette fond de frigo »... « c’est la misère maman », « effectivement ».

Bon, après un inventaire des placards (même pas une boite de raviolis) je me dis que c’est peut être le moment d’essayer le risotto que je m’étais promis de faire un jour. Avec l’impression de m’embarquer dans une longue aventure culinaire je fouille le congélo (zut ! le sachet de petits pois pas fermé…  « t’as fais une bêtise maman »  « toi, mange ta compote ! »)et j’en extrais : des petits pois en vrac, un fond de rondelles de carottes et deux escalopes de poulet, bien bien bien. J’en profite pour sortir le fond de jambon fumé râpé, le fond de crème et le reste de gruyère râpé, rescapés de mon gratin de courgettes d’hier. 

Après avoir potassé quelques recettes alléchantes, je constate que je n’aurai pas le temps de les suivre à la lettre tout en : donnant le biberon à Minipuce, rangeant le linge, donnant les deux bains et supervisant le rangement des jouets de Maxipuce. Bon tant pis, je fais légèrement décongeler le poulet (juste assez pour le couper en dés) et je le jette dans la marmite avec un peu d’huile, j’ajoute 300g de riz arborio pour que l’un blanchisse et l’autre blondisse. J’ajoute 1l ½ d’eau et 3 bouillons cube et je couvre. Je coupe en petits morceaux les carottes légèrement décongelées aussi et je les ajoute en même temps qu’une bonne poignée de petits pois et le jambon. Je vérifie que le feu est bien « doux », je couvre, je mets  le minuteur sur 15 minutes et je m’en vais biberonner.

Un biberon et un rototo plus tard, « maman ça fait dig dig », j’ajoute 3 cuillères à soupe de crème fraiche et le gruyère et je mélange, « ça sent bon maman » « ben oui je trouve aussi ». Deux heures plus tard je réchauffe une petite part pour Maxipuce qui, ô miracle, se régale. Et encore 2 heures après je réchauffe « pour les grands » et là Monsieur me regarde d’un air surpris « c’est super bon ».

Petit moment d’autosatisfaction.

Vite, vite, je rajoute du riz arborio et des bouillons cubes à ma liste auchandrive en pensant déjà à tous les fonds de restes de congélo que je vais utiliser vendredi prochain.