jeudi 20 décembre 2012

MAMAN PAPOTE : LE BABY-SITTER



Il  y a longtemps, très longtemps, j’étais libre. Insouciante, je faisais les magasins, du sport et même parfois (j’ai du mal à y croire) je ne faisais rien. Mais ça… c’était avant. Depuis 3 ans, 16 jours,  15 heures et 40 minutes c’est fini. Biberon, couche, sieste, bain, jouer, dodo… boulot.  Bref, je suis maman. D’ailleurs, symptôme évident : le coiffeur ne connaît pas mon nom, la pharmacienne si.

Bon, c’est décidé, je nous trouve une baby-sitter ! En tout cas j’essaie.
Dans nos connaissances : rien, sur zinternet : rien (je laisse quand même une paire d’annonces, sachant bien que je n’aurai de réponse que quand j’aurai déjà trouvé), sur les annonces  chez le docteur et à la pharmacie : rien. Finalement je finis par coller une affichette sur la fenêtre pendant la brocante du quartier. Au début j’envisage un truc comique genre : « Au secours maman devient folle, venez nous garder ! », mais ça me paraît pas très prudent finalement, alors je reste dans le classique. Je passe la journée à scruter toutes les jeunes filles style « lycéenne sérieuse et bien sous tous rapports », je souris, j’exhibe mes adorables fifilles (surtout Minipuce dans sa combi nounours), pendant que Monsieur marchande  et, à la fin de la journée j’ai les coordonnées de 3 assistantes maternelles mais de baby-sitter pas l’ombre d’une.

Quelques jours plus tard, désespérée,  je prépare des petites affichettes avec des petites bandelettes détachables à coller à la pharmacie quand, à la porte, on sonne.
En ouvrant, je me trouve nez à nez avec un jeune homme très souriant, qui tient une pochette ornée d’un chien et d’un chat se léchant les babines devant chacun sa gamelle de croquettes.
« Bonjour, est-ce que vous avez des animaux ?
Je pense : « J’ai des enfants, ça compte ? » et je dis : « Non », avec  un sourire désolée et compatissant (en plus il pleut, le pauvre) et m’apprête à refermer la porte quand le jeune homme me dit :
« Par contre vous avez des enfants »
Ciel un porte à portiste télépathe !
« Parce que en fait, on a vu votre affiche pendant la brocante et …ben  en fait… ça m’intéresse… 
-Ah… » Je sais c’est nul mais je suis un peu prise de court là… et, oui je l’admets, j’ai de  vilains préjugés.

Après quelques questions sur son expérience et tout ça (j’hésite à demander un extrait de casier judiciaire),  je propose au jeune homme de passer mercredi après la sieste pour faire la connaissance des zenfants z’en question et de « faire un test ».
Ce qui est bien avec les zenfants c’est que pour tester on peut compter sur eux. Au bout de 1 minute 30 de gentil babillage dans ses bras, Minipuce se fige, devient rouge écarlate et fait une grosse grimace que je connais bien. Sourire intérieur de sournoise maman testatrice.
« Alors pour la changer tu as un plan à langer dans la salle à manger avec tout le matériel et même des habits de rechange si nécessaire ( Minipuce a une fâcheuse tendance à « tout déborder de sa couche maman ! »).
Et voilà le jeune homme en train de changer intégralement Minipuce (avec le sourire !) tout en papotant aimablement avec l’intarissable grande sœur. Nom d’une pipe mais c’est qu’il se débrouille bien le porte à portiste !
Rendez-vous est donc pris, reste plus qu’à retrouver mon maillot et mon bonnet de bain…

Et voilà comment je peux enfin m’évader et aller patauger en toute insouciance…
Bon, en fait, je lui fais d’abord une liste de 2 pages sur les horaires des filles, leurs habitudes alimentaires et les numéros d’urgence (plus en PS les paroles de la souris verte pour le coucher de Maxipuce). Je finis par quitter mes bébés et vérifier 12 fois que mon portable est : sur le dessus de mon sac, en sonnerie maximale et chargé. Après 30 longueurs de piscine à toute vitesse (j’aurai mal aux épaules demain), je me rhabille sans me sécher les cheveux (je serai enrhumée demain), je rentre en marchant vite vite (j’aurai mal aux jambes demain) et j’arrive devant la maison essoufflée avec 25 minutes d’avance. Du coup, je fais 3 fois le tour du pâté de maisons et m’arrête chez le dépanneur (j’aurai une boîte de mouchoirs pour mon rhume de demain). Je ne voudrais pas que le baby-sitter me prenne pour une de ses mamans flippées qui n’arrivent pas à laisser leurs gamins pendant 2 heures.

Enfin je rentre, l’air parfaitement détendue, et demande nonchalamment comment ça c’est passé. « Plutôt bien. Minipuce a bu tout son biberon  (ah bon ?), Maxipuce a mangé tous ses légumes (arg !)et elles étaient toutes les deux au lit à 20h15 sans problème (re arg !). »
Je pense : « c’est la chance du débutant » et je dis : « bonne soirée alors ».
La porte à peine refermée, j’entends Maxipuce qui hurle : « un bisouuuuuuu ! » (ah ah ! ) et  je me précipite à son secours :
« Ne t’inquiète pas ma chérie, maman est rentrée, je t’ai manqué ?
-Mais non, je voulais faire un bisou à Flourian. »

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